Interview de François Masson (FM), Conducteur de Travaux Eiffage Construction Savare, nous donne le récit de l’affaire ADOMA  « les Arcades » à Salon en Provence.

Un chantier intégrant des méthodes hors site innovantes dont le système plancher POSI MiTek ou les salles de bains industrialisées d’HVA Concept. Par Alexis Pardal, Responsable des Nouveaux Marchés chez MiTek

Depuis trois ans nous avons le plaisir de promouvoir notre système POSI avec notre partenaire Savare, filiale du groupe Eiffage, experte de la construction bois depuis plus de 40 ans. Basée en Normandie, cette antenne est notamment très impliquée sur le village des athlètes des Jeux de Paris 2024.

Ces dernières années, Eiffage sort du lot par son engagement durable dans la construction, et, pour être étroitement en contact avec l’équipe de Savare, je peux vous confirmer que cet engagement est palpable.

François MASSON, 27 ans, que nous interviewons aujourd’hui est conducteur de travaux. Il est passionné par sa mission : construire responsable. Une manière d’être en phase avec ses propres valeurs.

Nous avons souhaité partager son expérience de pose de caissons préfabriqués POSI sur une affaire de logements sociaux pour le compte d’Adoma.

Pour présenter les rôles de chacun, MiTek est fournisseur de la solution POSI, donc fabricant du connecteur métallique en « V » et développeur du logiciel « Pamir » CAO/DAO utilisé entre autres pour dimensionner des poutres POSI. Savare est le fabricant bois qui conçoit ses propres poutres POSI mixtes bois métal, sur-mesure par pressage industriel. Toujours à l’atelier, les équipes Savare assemblent les poutres en caissons, avant de les mettre en œuvre sur chantier.

 

AP: Bonjour François, pouvez-vous vous présenter, nous dire ce qui vous amène dans le métier ? 

FM: Bonjour Alexis, en ce qui concerne mon parcours, j’ai passé un bac général en 2014 puis j’ai suivi un CAP charpentier. Ensuite, j’ai enchainé avec un BTS SCBH et terminé avec une licence pro en conduite de travaux à l’ESTP Paris. Après une courte expérience en entreprise générale me voilà arrivé chez Savare il y a deux ans.

Je suis d’abord passé de charpentier sur le terrain à dessinateur en bureau d’études. En tant que dessinateur, j’ai ressenti un peu la frustration de ne pas voir le chantier, le concret, je voulais passer de l’écran à la réalité du site.

La conduite de travaux me permet d’avoir les deux. C’est là que je m’épanouis : partir d’un plan, travailler en équipe et mener le projet à bien en représentant l’entreprise vis-à-vis du client. Il y a plusieurs casquettes, un côté management, de la résolution de problèmes avec l’aide de mon équipe de compagnons, je ne suis pas seul.

AP: Encore un conduc’ ESTP ! le métier aux 1000 facettes en effet… comment c’est de travailler chez Savare, l’expertise bois d’Eiffage Construction? 

FM: Je suis content. Au-delà de Savare, je suis assez fier de travailler dans une entreprise motrice pour le changement des modes de consommation dans le bâtiment et qui essaie de tendre vers la neutralité carbone. C’est un sujet très actuel.

Côté Savare, je suis très fier, c’est qu’on avance. Quand je suis arrivé, il n’y avait pas de service travaux, on voit une évolution ces deux dernières années, il y a des recrutements et l’équipe est jeune… les postes de direction ont moins de 35 ans par exemple.

 

AP: Merci pour cette intro, pouvez-vous nous décrire le projet ?

FM: Alors il s’agit de 219 logements sociaux à Salon de Provence pour le compte d’Adoma, un bailleur social. Le maître d’œuvre est Eiffage Construction Provence, c’est un projet de trois bâtiments A, B et C, R+3, livrés en 3 phases. Pour ma part, je suis intervenu sur le dernier bâtiment en juillet dernier. C’est un projet qui a commencé en 2019, encore sous RT 2012, on est E2 C1 pour être précis. Les trois bâtiments sont assez similaires avec une infrastructure en prémur béton ainsi que les R+1 et les noyaux. C’est juste après que nous intervenons avec une structure toute en bois 1520 m² de murs à ossature bois, 4250 m² de caissons de planchers bois POSI et la charpente industrielle.

AP: Très intéressant cette manière de concevoir, infra et R+1 en prémur béton puis ossature bois ?

FM: Tout à fait. C’est le deuxième dossier que je suis comme ça… le premier à Bussy Saint Georges en région parisienne, c’était la même volonté architecturale, une bonne manière d’intégrer du bois et de faire « cohabiter » les deux matériaux.

Ces deux affaires sont livrées en plusieurs phases, il y a une réelle volonté de réduire les nuisances et d’aller vite, que cela s’emboîte rapidement, étant donné qu’on est sur un site quasiment occupé.  Presque tous les éléments sont préfabriqués : prémurs béton, caissons de plancher bois, panneaux à ossature bois. Pendant notre intervention on n’entend quasiment rien, à part quelques visseuses.

 

AP: J’entends déjà nos amis de chez Hors Site magazine nous demander les droits pour cette interview. Y a-t-il a des évènements ou éléments qui vous ont particulièrement marqués sur ce chantier ? 

FM: Oui, c’est de voir les salles de bains préfabriquées. Cette tendance à préfabriquer les murs, les planchers, la charpente industrielle. C’est très impressionnant, on livre les salles de bains, qu’on positionne avec un guide et il n’y a plus qu’à raccorder aux réseaux.

 

AP: S’agit-il des salles de bains préfabriquées HVA Concept créées par Eiffage Construction ?

FM: Oui exactement, Dès 2008 Eiffage Construction se lance dans la construction hors-site, avec cette méthode hors site on arrive à atteindre des finitions de grande qualité et le gain de temps est énorme. Là-dessus, c’est quand même très intéressant.

 

AP: Combien de temps dure une phase/un bâtiment sur cette affaire ?

FM: Alors après la mise en œuvre des sous-sol, RDC et R+1 en place, notre intervention dure 6 semaines pour monter les R+2 et R+3, on est hors d’eau hors d’air, finitions comprises ! Les menuiseries sont posées à l’avancement.

AP: Impressionnant !… Faisons un zoom sur le système plancher, pourquoi avoir utilisé des caissons préfabriqués POSI ?  Quels ont été les arguments qui ont convaincu sur cette affaire ?

FM: Je distinguerais deux choses, d’abord l’utilisation des caissons et d’autre part l’utilisation de POSI.

Pour les caissons de planchers, on a des travées bien régulières et il y a un réel gain de temps comparé à la pose solives par solives, jamais envisagée au final.

Pour le choix POSI, je pense que l’argument premier est financier, puis la légèreté de la structure a fait la différence parce que sur Adoma on a de fortes charges liées aux salles de bains, entres autres. Tout est lié puisque derrière, c’est notre client qui est content pour son calcul béton parce qu’il va faire un gain de matière sur les fondations, il a donc lui aussi une structure plus légère.

POSI était tout indiqué pour répondre au chantier et ses contraintes techniques mais aussi économiques. Et, il faut savoir qu’on fabrique nos propres poutres POSI, c’est aussi là notre valeur ajoutée.

Enfin en pose, honnêtement, un caisson POSI par rapport à un caisson traditionnel bois ou lamellé collé ne va pas changer radicalement. Il a quand même l’atout d’être plus léger, donc un peu plus simple et rapide à manipuler.

 

AP: Nous n’avions reçu aucun retour auparavant sur l’économie de matière que pouvait faire le gros œuvre en calcul béton…c’est un argument en effet. En ce qui concerne les réseaux techniques électricité, plomberie, CVC… avez-vous gagné en hauteur de plénum en utilisant l’espace ajouré du système POSI ?

FM: Sur cette affaire, le vide technique de POSI ne sert pas pour les réseaux, à part l’électricité. Donc c’est quand même un très gros plus, l’électricien était étonné parce qu’il n’avait pas à faire toutes les réservations contrairement à du caisson tradi ou lamellé collé. Le reste, plomberie et ventilation passent dans le plénum prévu sous les poutres, donc pas de gain de hauteur ici honnêtement.

 

AP: On sent bien la volonté du groupe Eiffage d’être un précurseur du changement des méthodes de construction, en investissant sur l’innovation, en misant sur la jeunesse de leurs équipes. Comment se passe la collaboration SAVARE / Eiffage Construction Provence sur une affaire qui veut faire cohabiter structures béton et bois ?

FM: Chez Savare on a la chance de collaborer avec nos collègues d’EIFFAGE, ça se passe bien. Comme sur tout chantier, des problèmes peuvent survenir, c’est normal. On essaye d’apporter une expertise au regard du bois, on est vraiment dans l’accompagnement, on est là pour ça, et tout doucement les relations (équipes Béton / Bois) se font.

Plutôt que de se mettre en position concurrentielle ou sachant / non sachant, on choisit d’échanger et de créer des synergies.

Très concrètement, par exemple des poseurs Savare sont amenés à travailler directement avec d’autres filiales sur le national et forment des coffreurs à la pose d’éléments en bois.

AP: Très bien ! merci pour ce retour d’expérience François, on est dans le vif de la mixité des matériaux, le bon matériau au bon endroit. Pour finir, pouvez-vous nous donner votre avis sur l’évolution du marché de la construction bois et notre chemin vers la neutralité carbone ?  

FM: C’est partagé, on a certaines personnes qui ont du mal à mettre en place le bois sur les dossiers parce qu’on a toujours ces petites histoires « le bois, ça brûle » ou encore « ma maison s’envolera s’il venait à l’idée d’un loup de souffler dessus ». Mais on a tout de même une tendance à mettre davantage de produits biosourcés de manière générale sur nos chantiers, de plus en plus on tend vers la décarbonisation de nos chantiers.

Pour revenir sur la préfabrication, oui ça contribue à la neutralité carbone, parce qu’on maîtrise les matières et les déchets.

Et puis sur un aspect autre qu’environnemental, la préfabrication nous permet de réduire toutes les nuisances sonores ou sanitaires vis-à-vis du voisinage et des compagnons.

Enfin, avec la préfabrication on répond à des plannings de plus en plus serrés.

Traditionnellement, sur des affaires équivalentes on était sur 18 mois d’EXE en moyenne, là où aujourd’hui, on réussit à atteindre 12 mois.

 

AP: Merci pour cette belle conclusion sur les bénéfices de la construction hors site. Cet échange a été un plaisir et merci d’avoir partagé ce moment, votre passion et votre engagement pour ce beau métier. 

FM: Plaisir partagé Alexis merci, content d’avoir pu parler de cette expérience et à très bientôt.

 

AP: A Bientôt en effet, nous préparons actuellement une suite à cet article de notre collaboration POSI avec Eiffage construction Savare.  Nous mettrons à l’honneur une autre affaire proposant cette méthode de construction de la fabrication jusqu’à la pose, mais cette fois-ci en vidéo !

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